West Coast sans frontières
• 5 min de lecture
Quand j’ai demandé à Adrien s’il y avait une thématique particulière qu’il voulait que je traite pour ma première contribution, il m’a juste dit, je cite :
le west coast swing ^^
Je dois vous avouer mon immense déception suite à cette réponse. Moi qui voulais tellement vous parler de la vie des koalas en Australie...
Je suppose que ce sera pour une prochaine fois...
Vous parler de WCS, certes, mais le sujet est vaste et les angles d’approches nombreux !
Me lancer sur des points aussi techniques que la connexion ou le stretch me paraissent un peu hors de portée pour le moment, bien que le sujet me fascine et participe à la beauté de cette danse merveilleuse qu’est le WCS.
Vous raconter mes moments les plus gênants/surprenants ou mes pires chutes viendra surement un jour où nous serons plus intimes, mais pour une première, on va commencer par faire connaissance plus simplement. Il parait que partir de soi et de son expérience est un bon point de départ, alors en route Simone !
Une Frenchie au pays des scones et de la jelly
Je danse depuis bientôt 7 ans - période de covid/confinement/déconfinement/reconfinement/etrebelotte comprise - et j’ai eu l'occasion d'effectuer une petite partie de mon apprentissage chez nos amis Outre-Manche, Anglais de leur état. Ce qui va suivre ne relève que de mon expérience personnelle et cela n'engage que moi ;)
Pouvoir suivre des cours et danser à l'étranger a été une chance. Et cela m'a conforté dans mon opinion que la danse, tout comme la musique, réunissent les gens peu importe leurs différences et leur avis divergents - genre, sur un scone qui de la clotted cream ou de la confiture vient en premier ?
Croyez-moi sur parole, ce n'est pas une question à prendre à la légère, des guerres ont été déclenchées et des familles se sont déchirées à ce sujet... Le Brexit à coté c'est de la gnognotte.
Toujours les mêmes triple, mais pas les mêmes cours
Pour vous parler un peu du WCS que j'ai découvert à Londres, ville de mon séjour, et des différences que j'ai pu observer, il faut d'abord que je vous parle de la façon dont il m'a été enseigné à la base.
A Strasbourg, j'ai pris des cours au sein d'une association toute danse, une fois par semaine et j'ai suivi la montée des niveaux années après années. Les cours sont donnés par des couples de danseurs bénévoles - un leader et une follower. Les premiers niveaux sont surtout centrés sur l'apprentissage des basiques - on se souvient tous de son premier sugar push - et des enchaînements de passes qu'on essaiera de reproduire lors des soirées. L'accent est mis sur la technique et on se construit au fur et à mesure un petit répertoire de ses passes préférées.
A Londres, une des premières choses à m'avoir marquée dans les deux classes où je dansais, c'est la façon dont sont construits les cours.
Contrairement à la France, il n'y a pas d'inscription à l'année dans les écoles de danse. Beaucoup de personnes viennent ponctuellement pour des drop in. On paie donc la soirée de cours, qui se déroule ainsi : un échauffement corporel et une révision des basiques rapide (sugar push, left side pass, under arm, tuck turn et whip), puis le cours se dédouble avec l’apprentissage des basiques pour les nouvelles têtes avec un bénévole et l'apprentissage de l'enchaînement du jour pour les habitués avec la prof.
Et oui, la prof, féminin.
Qui, si elle n'est pas aidée pour la soirée par un/e bénévole dans le rôle de la follower, trouvera son cobaye parmi les âmes malheureuses tentant d'apprendre ladite passe. Promis, à force, on ne dramatise plus à l'idée de mal faire devant tout le monde.
Oui, c'est presque ça...
Contrairement à ce que j'ai pu connaître en France, les enchaînements que l'on apprend ne sont pas construits dans la continuité d'un apprentissage sur l'année. Autrement dit, on n'apprend pas un bout de la passe que l'on reprendra avec une variante au cours suivant et qu'on intégrera dans un enchaînement plus complexe au bout du énième cours.
Comme les gens ne viennent pas forcément régulièrement et que le niveau n'est pas toujours homogène, l'enchaînement est pensé afin que tout le monde puisse repartir avec un bout de celui-ci et au fil des deux heures de cours, l'enchaînement se complexifie. Chacun est libre, si le niveau devient trop complexe, de se rabattre sur le second cours qui se déroule en parallèle avec les débutants. A la fin, la soirée se clôture par 30 à 45min de pratique libre - le pied pour réviser :)
J'ai un dernier secret à vous avouer.
C'est la seule fois de ma vie où je me trouvais dans des cours avec autant, sinon plus, de leader que de follower. Le monde à l'envers ! Était-ce là le paradis de toute danseuse ? La météo londonienne et la pluie m'ont assuré que non.
La musique dans la peau...
Une autre différence notable que j'ai pu observer en Angleterre est la liberté qui est prise pour jouer avec la musique. Contrairement au - peut-être - trop studieux Français qui voudra faire sa passe parfaitement, mais qui en oubliera d'écouter la musique - et ses breaks qui ne tombent jamais où on pourrait les attendre -, le danseur anglais - même débutant ! - s'amusera et laissera la place à sa cavalière de s'amuser également. La technique des cavaliers que j'ai pu avoir était loin d'être parfaite, mais l'espace et l'attention portée à la cavalière laissait la possibilité de faire du styling ou de s'amuser sur le rythme et les paroles.
Il faut dire que beaucoup des leaders que j'ai pu rencontrer dansait également le Ceroc, danse sans triple, qui se danse sur les mêmes musiques que le WCS et dont la technique semble beaucoup moins compliquée. D'où peut-être cette aisance sur les rythmes et l'habitude de bouger que beaucoup semble avoir. La culture de la line dance est également très présente. Cette habitude de se mouvoir seul, mais en groupe, comme ce qu'on peut connaître du country en France.
On m'a souvent demandé à titre personnel ce que je préférais entre une bonne technique ou la liberté musicale. Je vais faire honneur à mon héritage de Française jamais satisfaite, en vous répondant : les deux mon Capitaine ! La liberté de jouer vient également parce que la passe se fait sans anicroches.
Je vous laisse conclure que le cavalier parfait est mi-british, mi-français... ;)
To conclude
De mon expérience anglaise j'en retiens énormément de bons souvenirs. C'est la danse qui m'a permis de m'intégrer très vite là-bas et de rencontrer des gens formidables. Du West Coast et du thé, il n'en faut pas plus pour être heureuse ;)
Les cultures sont certes différentes, les manières d'enseigner changent également, mais l'amour de la danse ne change pas, de même que la joie de danser ensemble.
Que ce soit en France ou en Angleterre vous trouverez toujours un sourire et une main tendue pour vous inviter à danser - des gens nerveux qui n'osent pas également, je vous rassure.
Je terminerai sur cette dernière particularité anglaise, sûrement ce que j’ai peut-être le plus apprécié - et qui en temps de pandémie se fait rare - leur habitude de remercier d'un câlin la danse et le moment que l'on vient de partager.
Et vous, vous avez également une expérience de West Coast sans frontières ?