Alexandre Roy : "Le plaisir du mix se fait avant tout par le choix des morceaux et de leur enchaînement"

Alexandre Roy a répondu à nos questions en rapport avec les DJs et la musique dans le West Coast Swing

Adrien Guesnel

17 min de lecture

Alexandre Roy : "Le plaisir du mix se fait avant tout par le choix des morceaux et de leur enchaînement"

WB: Bonjour Alexandre, pourrais-tu te présenter brièvement et nous expliquer comment tu as découvert le West Coast Swing ?

Je m’appelle Alexandre et j’ai 29 ans. J’habite dans le sud de la France, proche de Toulon. Je donne des cours de WCS à Six-Fours-les-Plages depuis 2020 et j’ai commencé à mixer la même année. Cependant, ce n’est pas mon travail à plein temps : ma première passion reste l’informatique et c’est pourquoi je passe mes semaines à faire grandir mon entreprise My Groom Service, agence web spécialisée en hébergements touristiques, et mes week-ends à danser ou faire danser les westies.

J’ai découvert la danse de couple en commençant par le Rock, puis le Lindy Hop durant l’été 2015. J’ai rapidement entendu parler du West Coast Swing en fin d’année, d’une manière assez inattendue : Nous avions prévu d’aller à une soirée Rock un samedi soir aux alentours d’Aix en Provence avec un groupe d’amis, et celle-ci a été annulée au dernier moment. Faute de meilleur plan, nous nous sommes rabattus sur une soirée WCS locale. Nous n’avions qu’une heure d'initiation dans les jambes et notre bagage de Rock. Cela ne nous a pas empêchés de vite nous rendre compte du potentiel de la danse, de la richesse de la musique… et nous avons dansé jusqu’à la fermeture de la soirée ! Je remercie encore aujourd’hui mes partenaires pour leur grande patience ce soir-là ! (rires)

Suite à cette soirée, j’ai enchaîné de nombreux stages de WCS sur Aix en Provence chez Jérôme Fernandez, ainsi que des cours annuels chez Ramirez Danse à Toulon, le tout lié par beaucoup de pratique dans les soirées locales… Bref, une vraie addiction !

WB: Parle-nous de ton tout premier set en tant que DJ. Comment s'est passée cette expérience ?

Je n’ai pas eu d'anecdote particulière sur mon premier set donc je vais parler de ce que j’ai appris à mes dépends les premières fois que j’ai pu mixer sur des événements sociaux ou WSDC.

En tant que DJ débutant sur mes premiers événements, je pensais naïvement que l'activité se résumait à brancher son PC sur la sono et jouer de la musique pendant un temps donné.

Il y a une toute autre facette que j’ai négligée les premières fois : celle du travail en équipe et de la relation avec le Head DJ et les organisateurs. En effet, tout peut arriver lors d’un événement, et il est primordial d’être prêt à réagir au besoin sans pour autant être dans les pattes de l'organisation. Etre DJ c’est aussi s’intégrer parfaitement dans l’événement, j’ai donc appris depuis à m’aligner avec le fonctionnement des organisateurs dès le début de l’événement pour correspondre du mieux possible à l’atmosphère de l’événement tout en gardant mon style de mix. Cela se traduit par venir échanger avec le Head DJ lorsqu’il a un moment de disponible au début du festival, demander s’il y a des choses spécifiques à savoir, s’intéresser au fonctionnement du matériel au cas où et se tenir au courant des dernières infos via les canaux de communication mis en place.

Etre DJ est un grand pouvoir qui nécessite une grande responsabilité (crédit: Tumbao)

WB : Lors de ton interview avec la Westie DJ Guild, tu as partagé ton amour pour le style de musique Métal et ton désamour pour les musiques françaises. Comment cela influence tes sets musicaux ?

J’écoute en effet beaucoup de genres extrêmes en dehors de la scène WCS, et je suis également batteur dans un groupe de Rock à mes heures perdues. Cela m’a habitué à entendre et analyser des constructions musicales complexes, riches et variées. Je vais donc avoir tendance à rechercher des morceaux de WCS qui retrouvent des éléments de ces genres par leur richesse musicale, leur teinte émotionnelle ou encore leur structure, tout en m’assurant que ces musiques restent dansables par tous. Cela permet aux danseurs de s’exprimer sur un panel musical plus large. C’est d'ailleurs pour cela que j’ai toujours une préférence pour jouer des sets de “late night”, qui permettent en général de jouer des morceaux plus difficiles ou expérimentaux.

Pour ce qui concerne les chansons françaises, j’ai l’impression qu’elles font plus “cheap” comparées aux chansons chantées en anglais comme on a tendance à mieux comprendre les paroles. Je pense que c’est dû au fait que je n’ai pas été élevé en écoutant des chansons en français. Cela reste personnel, mais il n’empêche pas que je recherche quand même de temps en temps de nouveaux morceaux français qui pourraient me plaire !

WB : Tu as pu participer au SwitchXperience Paris, où la mise en avant des DJs était un aspect important, que penses-tu de la visibilité des DJs dans l'univers de la danse ? Quelles pourraient être les idées d’améliorations à faire dans les événements ?

Tout d’abord, beaucoup de danses de couple qui font du social gèrent différemment la mise en avant de leurs DJs et il serait intéressant d’aller voir ce qui s’y fait. En WCS, c’est un poste souvent oublié et pourtant garant d’un social réussi.

L’équipe d’organisation du SwitchX fait très attention à mettre en avant leur staff à leur juste valeur. Lorsque je leur ai proposé de créer les diapositives de présentation des animations et des DJs, l’idée a tout de suite plu ! Le résultat sur l’énorme écran a été grandiose et l’effet auprès des participants a été au-delà de nos attentes.

Visuel accompagnant chaque DJ au SwitchXperience Paris (crédit : Tumbao)

Je pense sincèrement que les organisateurs gagneraient à faire connaître leurs DJ pour aider les danseurs à identifier leurs goûts, découvrir de nouvelles choses ou simplement venir danser à un évènement pour un DJ particulier de la même manière qu’un participant viendrait pour prendre des cours avec certains profs, et à juste titre vu qu’un survivor de social fera surement plus d’heures de danse en soirée que d’heures de cours…

Pour cela je pense que l’on peut suggérer quelques améliorations :

  • La communication en amont du festival pour annoncer la team de DJ : Je cherche personnellement à savoir à l’avance qui va être DJ pour savoir quel type de social je vais avoir au long de l’évènement.
  • Un planning des DJs, tout comme un planning de cours : Je demande souvent aux DJs de l'événement le planning des sets même s’il n’y en a pas un d’affiché. Ayant mes préférences, je vais m’organiser pour être en pleine forme sur les temps de passage de mes DJs favoris.
  • Afficher le nom du DJ qui mixe actuellement par le biais d’un rétroprojecteur, écran, même simplement une boite lumineuse avec le nom du DJ dessus.
  • Faire des annonces rapides lors des changements de DJ. Cela donne une occasion aux danseurs de remercier chaleureusement le travail de ce dernier, et d'accueillir le nouveau dans la bonne ambiance, sans trop interrompre leur flow.

Je trouve important de soutenir les efforts des organisateurs en ce sens, tels que le West Duck Swing qui a toujours fait un travail très novateur sur cet aspect. Je me suis d’ailleurs inspiré de leurs idées pour le West in Nougat ;)

WB : Tu as eu l'occasion de mixer pour divers types de soirées, allant des soirées locales aux soirées WSDC. Comment prépares-tu tes sets en fonction du type d'événement ?

Comme j’essaie de faire de mon mieux quel que soit le type d’événement, j’applique la même technique où que je joue. Cependant celle-ci évolue au fur et à mesure que je gagne en expérience.

Lors de mes premières années, je mixais en préparant une playlist à l’avance et je l'ajustais sur le moment au besoin. Cela me demandait à la fois beaucoup de travail en amont et une capacité de projection sur l’ambiance et le public. La plupart du temps cette méthode marchait assez bien, mais il m’arrivait parfois de devoir tout refaire si l’atmosphère de la soirée ne correspondait pas à ce que j’avais préparé.

Alors je suis passé par une seconde méthode qui consiste à ajouter deux à trois fois plus de morceaux que nécessaire dans une playlist avec l’ambiance souhaitée, et ajuster l’ordre des morceaux au fur et à mesure que la soirée se déroule. Cela m’a permis de gagner en qualité de choix musicaux et en capacité d’analyse de la piste. Plutôt que de forcer la piste à s’adapter à ce que j’ai choisi, j’allais dans son sens et suivais ses envies tout en l’amenant dans mon univers.

Avec désormais plus d’expérience et dans le but d’améliorer davantage le rendu de mes sets, j’ai passé l’année dernière à me former et essayer un vrai logiciel de DJ avec une capacité de pré-écoute en parallèle de la musique qui se joue. Je peux désormais arriver 20 minutes avant mon set dans la salle, faire mes branchements et jouer avec très peu de préparation en amont. Je m’adapte ainsi d’autant plus à la piste, ses envies, son public, le lieu et l’heure, tout en glissant quelques nouvelles perles musicales de mon cru de temps à autre.

Alexandre au West In Nougat à Montélimar (crédit: umbao)

WB : Les retours des danseurs sont précieux pour les DJs. Les sollicites-tu auprès de danseurs que tu connais ? As-tu des repères dans la salle pour ajuster tes sets ?

J’apprécie énormément les retours à chaud, positifs comme négatifs (tant qu’ils sont constructifs). Je n’hésite pas non plus à demander des retours plus tard à des amis ayant de l’expérience de DJ, tout comme à ceux qui n’en n’ont pas. Cela permet d’avoir un éventail d’avis variés et de m'améliorer en fonction. Vous êtes donc tous bienvenus pour venir me voir au DJ booth si vous avez apprécié les musiques, ou pour tout autre commentaire fait dans la bienveillance ;)

Durant un set, j’observe toujours le nombre total de personnes dans la pièce, et j’évalue la proportion entre les danseurs actifs (qui dansent ou se reposent pour re-danser d’ici quelques musiques) et ceux qui sont inactifs, assis à discuter avec des amis sans grande envie de danser. Je prends également en compte la répartition leaders / followers pour estimer la quantité maximale de couples que je peux avoir sur la piste. À partir de là, mon but est de conserver un maximum de danseurs sur la piste, tout en arrivant peu à peu à redonner envie de danser aux inactifs et de faire grossir le nombre de couple maximum. J’observe souvent également les expressions faciales des danseurs lorsque je tente quelques morceaux exotiques pour voir leur réaction sur cette découverte. Enfin, un de mes derniers repères est plus auditif que visuel : lorsqu’un morceau se termine, j’écoute l’intensité de la réaction des gens durant le blanc de quelques secondes avant le début du morceau suivant, plus le brouhaha est bruyant, moins le morceau a laissé indifférent, c’est donc une réussite pour moi !

Examiner l'ambiance dans la salle, un élément très important (crédit: Tumbao)

WB : Est-ce que tu adaptes ton mix lorsque des danseurs professionnels sont présents sur la piste de danse pendant les soirées ?

Je cherche à rester authentique et faire de mon mieux quels que soient les danseurs présents. C’est le moment où je peux être potentiellement remarqué et si c’est le cas, je veux que ça le soit pour mon style et non pas pour celui que je voudrais donner pour faire plaisir aux pros. C’est en général de cette manière que j’ai eu de bons retours de pros américains et européens sur mes sets.

WB : Ayant été DJ à l'Asian Open, as-tu remarqué des différences dans les préférences musicales des participants par rapport à des événements Européen ?

L’Asia Open a un public très anglophone, principalement de Singapour, des Etats-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande. Il est vrai que les préférences musicales sont assez différentes de ce qui est joué en France. Les danseurs sont beaucoup plus à l’écoute de la signification des paroles et moins des instruments. Ainsi, les DJs des USA et d’Australie vont jouer beaucoup plus de morceaux moins riches musicalement et avec plus de paroles tels que du Rap ou du R&B. Les DJs asiatiques quant à eux auront plus tendance à rajouter un peu de K-Pop, ce qui a le don de faire bondir la salle (dans le bon sens), bien que l’interprétation des paroles soit plus compliquée dans ce cas là…

Les organisateurs de l’Asia Open ont très bien su choisir un panel de DJ représentatif de la population de participants, ce qui a créé un cocktail musical parfaitement adapté pour l’évènement (Singapour, USA, Australie, France, Pologne, Allemagne).

Je pense que nos événements européens non-français sont en effet différents. Comme la langue anglaise est rarement la langue maternelle des européens, les morceaux joués sont plus riches instrumentalement chez nous que dans des scènes plus anglophones et nos danses sont plus sujettes à interpréter cette partie-là de la musique. Aussi, je trouve que nous avons beaucoup plus de capacité à jouer sur la mélodie ou la rythmique de la voix sans être pour autant dans l’interprétation des paroles directement. Nous avons su transformer notre défaut de manque de compréhension en une force.

WB : Le volume sonore est souvent un sujet de préoccupation. Penses-tu que les DJs ont la responsabilité de contrôler le volume sonore dans la salle ?

C’est vital ! Et si ce n’est pas un sujet transmis par l’organisateur ou le Head DJ, cela reste la responsabilité du DJ pour moi. Il faut à la fois mettre un volume assez fort pour couvrir les bruits de soirée (discussions / rigolades de bord de piste) et faire vivre l’émotion aux danseurs sans pour autant endommager l’oreille des participants sur le long terme.

Lors de mes sets, je fais toujours un tour de la salle avec un sonomètre durant les premiers morceaux. La perception du son à plusieurs endroits de la piste et au DJ booth est souvent différente. J’ajuste mon ressenti sonore à une valeur en dB, et je peux revenir à ma table avec cette information en tête. De plus, mon sonomètre reste actif à côté de mon PC en quasi-permanence. Il me permet d’ajuster le volume d’un morceau à l’autre ainsi que selon l’affluence sur la piste (plus il y a de monde, plus le son est étouffé au centre de la piste).

Le fait de descendre danser quelques fois permet aussi de s’immerger dans le son et d'ajuster la perception initiale au besoin.

Attention, cela n’empêche pas les participants d’être responsable de leur propre santé et de ne pas confier cette dernière aux mains des DJs et organisateurs quels qu’ils soient. Tous doivent s’informer des risques et s’équiper s’ils l’estiment nécessaire avec des bouchons par exemple ou en faisant des pauses régulières.

Si vous dansez et que le son est trop fort pour vous, n’hésitez pas à venir voir le DJ pour l’informer, il nous arrive parfois de ne pas nous en rendre compte.

L’éducation à la sensibilité de l’oreille est un sujet important, j’invite donc tous les lecteurs à faire un tour sur l’un des liens ci-dessous :

Forum de discussion français sur le sujet : https://www.facebook.com/groups/westiesetnosoreilles/

Forum de discussion international sur le sujet : https://www.facebook.com/groups/westiesearsoursafety/

Temps d’exposition maximum selon le volume, pour préserver son capital auditif En abscisse le volume en dB, en ordonnée le temps d’exposition maximum (Source : coopacou.com)

En général une soirée tourne aux alentours des 80-85 dB, et peut monter à 95-100 dB pour les shows.

WB : En tant que Head DJ au West in Nougat, tu peux nous en dire plus sur le rôle de Head DJ ? Et comment ça se traduit concrètement : gestion des DJs, les plannings… ?

Le Head DJ possède un rôle crucial pour la réussite d’un festival. Il est le maillon d’échange entre les organisateurs et l’équipe de DJs. Selon la taille et l’ambition de l'événement, ses missions varient. Au West In Nougat je porte également la casquette d’organisateur, donc tout est un peu mélangé. Pour résumer les missions sur ce poste, je dois :

  1. Choisir une team de DJs, en tenant compte non seulement de leurs compétences et leur savoir-être mais aussi de leur style et si celui-ci correspond à l’ambiance souhaitée pour l’événement.
  2. Leur proposer une rémunération / contrepartie adaptée au volume horaire de travail. C’est un sujet peu abordé publiquement, mais il est important pour moi de valoriser le travail des DJs, surtout quand c’est aussi crucial pour de la danse sociale ou des animations de qualité. Tout en gardant cela de manière proportionnée selon le budget de l'événement.
  3. Etablir un planning équitable pour permettre à tous d’avoir des sets de début de soirée, de “pleine audience” (avant/après les shows), et de “late night” (en général où les débutants sont couchés et avec des musiques plus difficiles ou expérimentales)
  4. Organiser et informer les DJs sur les activités liées à leur poste, et leur déléguer certaines tâches. Par exemple pour le déroulé des compétitions fun, des shows, de la musique live, etc.
  5. S’assurer à leur arrivée qu’ils soient un minimum formé sur le matériel utilisé et ses spécificités (entrées de la table de mixage, utilisation du micro si besoin, etc.)
  6. Gérer la communication durant l’événement avec eux pour toute activité ou tout imprévu. Par exemple, le lancement d’une activité dans X morceaux, le décalage du planning global et donc des sets et des activités suivantes, les changements de dernière minute, etc.
  7. Rester disponible pour toute remontée d’informations diverses de la part des DJs ou des organisateurs et faire le pont entre les uns et les autres si nécessaire.
L'équipe des DJs au West In Nougat (crédit: Tumbao)

WB : Selon toi, quelle est la plus grande erreur qu'un Head DJ puisse commettre lors d'un événement ?

Comme je l’évoquais juste avant, le Head DJ est avant tout un gérant d’équipe plus qu’un DJ. Sa plus grande erreur serait de faire le contraire et de manquer de communication avec les orgas ou avec les DJs. Il m’est arrivé d’en essuyer les plâtres en tant que DJ en event comme en tant que Head DJ au WIN, et même si la pédagogie ou la communication avait parfois manqué, j’ai été ravi à chaque fois de pouvoir vivre ces erreurs avec une équipe compréhensive et bienveillante pour me permettre d’évoluer dans le bon sens.

WB : De manière plus personnelle, quand tu danses en tant que simple danseur après avoir été DJ, est-ce que tu as une réaction différente vis-à-vis des sets, qu'ils te plaisent ou non ?

Avec un bagage de musicien, j’ai toujours été attentif à la musique jouée. C’est à la fois un avantage et un inconvénient car je me sens plus sensible aux choix faits par le DJ, et lorsque j’en parle autour de moi j’ai le sentiment que mes goûts sont plus tranchés que les autres. Depuis que je mixe, en connaissant davantage les techniques de DJ, ce phénomène s’est d’autant plus amplifié.

En tant que danseur, je vais parfois refuser des danses sur certains morceaux qui ne sont pas à mon goût ou pour lesquels je ne suis pas d’humeur, ou alors choisir un/une partenaire spécifique pour un morceau qui me plaît beaucoup.

Lorsqu’un set ne me plaît pas du tout, je préfère aller me coucher pendant 1h30 et revenir en meilleure forme plutôt que traîner dans les couloirs à discuter et commencer le set suivant en étant fatigué, surtout quand j’ai connaissance du planning des DJs à venir. De cette manière, je me sens beaucoup plus apte à partager des danses dans le week-end avec tout le monde et rendre mon ressenti global sur les événements bien plus qualitatif qu’avant.

L'oeil rivé sur l'écran et les oreilles vissées à son casque, Alexandre choisit sa prochaine musique (crédit: Tumbao)

WB : Peux-tu nous dire si tu danses pendant tes sets ou si tu penses qu'un DJ doit toujours rester derrière son ordinateur ?

Je pense que la responsabilité principale du DJ reste de permettre aux danseurs de passer un bon moment. Le plaisir du mix se fait avant tout par le choix des morceaux et de leur enchaînement, et c’est quelque chose que j’adore ! Cela dit, si le contrat est rempli et que le DJ danse en gardant un œil sur la piste et le volume, je pense que c’est possible, surtout pour 2-3 morceaux ou sur des fins de sets. Quand je mixe, il arrive souvent que quelques morceaux me démangent au point d’aller fouler la piste, je peux donc difficilement défendre le contraire :)

WB : Si on veut te suivre et savoir quels sont tes prochains évents, on fait comment ?

Je ne communique pas forcément les prochains events où je vais mixer comme la validation de la team de DJs peut se faire parfois tardivement, mais voilà déjà une base d’events où il y a de fortes chances de m’entendre :

  • West In Nougat (Montélimar)
  • SwitchXperience (Paris & Berlin)
  • Aix on West (Aix en Provence)
  • Toulon Westie Camp (Toulon)
  • Asia Open (Singapour)
  • Med in Swing (Côte d’Azur)

Comme je souhaite partager ma musique à l’étranger, je cherche toujours à demander aux organisateurs des événements internationaux où je me rends. Comme ils ont beaucoup de demandes, il faut savoir être patient, le temps d’être entendu, apprécié et de se faire un nom dans le milieu. Mais si les lecteurs ont des contacts auxquels ils veulent me recommander, je suis preneur !

WB : On avait donné un défi à DJ Bro sur le choix d’une musique pour le show d’un couple de profs et on aimerait bien te soumettre au même exercice. Le contexte : tu es DJ au Budafest et tu as carte blanche, quelle musique choisirais-tu pour le pro-show de :

  • Nicole & Thibaut Ramirez
  • Chantelle Pianetta & Joel Torgeson
  • Torri & Maxime Zzaoui

Ce n’est pas un exercice facile, et je ne garantis pas un show réussi avec mes choix, ni que les pros les apprécient ;)

Ayant été élève de nombreuses années chez lui, Thibaut & Nicole ont toujours été pour moi un couple qui transpire l’énergie et le dynamisme, mais aussi le swing ! C’est pour cela que j’ai choisi pour eux un morceau de K-Pop en rythme swing très punchy : Beautiful Liar de Monsta X.

Beautiful Liar de Monster X

Chantelle et Joel sont pour moi une grande source de grâce et de finesse pour le West Coast Swing. J’ai été très touché par leur showcase à l’US Open l’année dernière sur du swing, et j’aimerai beaucoup les voir danser sur du late night lent et expressif : empty crown de YAS

Empty Crown de YAS

La musicalité de Maxime et Torri n’a d’égal que leur talent pour le WCS. J’ai toujours adoré voir les danser sur du swing (on se souvient tous de leur danse au WOTP 2018), et comme je ne m’en lasse pas, j’en demande encore, en particulier sur une version de Fever de Matt Bellamy (chanteur très talentueux de Muse que j’aime beaucoup) : Fever de Jaded Hearts Club & Matt Bellamy

Feve de The Jaded Hearts Club

WB : Un dernier mot à nous dire ?

Je tiens à vous remercier sincèrement pour l’opportunité de partager mon point de vue sur des questions pertinentes, mais surtout pour le travail colossal et qualitatif fait sur votre blog. Pour compléter notre écosystème de cours et d’événements déjà bien huilé, de nombreux acteurs sur la scène WCS mettent de nouvelles choses en place grâce à des applications, podcasts, blogs ou encore des forums de discussion sur des sujets importants. Cela va aider à le consolider et lui faire gagner en qualité, et je pense qu'aujourd'hui vous faites partie du fer de lance français de ce nouveau mouvement. Bravo !

Aussi, j’invite les lecteurs curieux à m’approcher en événement pour parler musique ou pour toutes questions suite à cette interview. Si vous voulez aussi vous lancer dans le DJing, c’est avec plaisir que je vous transmettrai quelques bases ;)

WB : Merci d’avoir répondu à nos questions et à bientôt sur les pistes !

Avec plaisir ! Quelques liens en bonus pour les intéressés :

  • Spotify (je publie certains de mes sets dessus)
  • Blog (pas de rapport avec le WCS, mais si ça vous plait de me lire…)

Écrit avec passion par ...

Adrien Guesnel
Adrien Guesnel

Strasbourg

J'ai découvert la danse avec la Salsa puis j'ai essayé plusieurs danses : Bachata, Kizomba... Mais c'est définitivement le WCS que je préfère ! Mon but est de vous faire découvrir et aimer cette danse

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